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Javiera Quiroga : broder des montagnes a une dimension affective, territoriale et communautaire.

Pourriez-vous commencer par nous présenter brièvement votre travail et vos sources d'inspiration ?


Mon travail se concentre sur la broderie minimaliste, qui explore des formes simples et abstraites. Je m'inspire principalement des paysages chiliens, notamment des montagnes, et à partir de là, je développe des compositions alliant relief, texture et couleur.


Je travaille avec différentes gammes de couleurs et matières, explorant l'interaction du fil avec des supports tels que le papier et la photographie. Dans le cas du papier, je m'intéresse à la manière dont la broderie s'intègre au collage, créant un jeu de formes et de couleurs. En photographie, en revanche, je suis fascinée par la façon dont le fil peut intervenir dans l'image, lui conférant une nouvelle dimension et ouvrant la possibilité d'une réinterprétation visuelle. Je suis attirée par la capacité de la broderie à transformer et redéfinir une image ou une surface par un geste minimal.


Qu'est-ce que l'artivisme pour vous ? Vous définissez-vous comme artiviste ? Pourquoi ?


Pour moi, l'artivisme est une manière de créer en conscience. C'est appréhender l'art comme un outil d'expression qui ne recherche pas seulement la beauté ou la technique, mais qui génère aussi un impact, crée des liens avec les autres et ouvre des espaces de dialogue et de réflexion. Il ne s'agit pas nécessairement d'activisme explicite, mais plutôt de partir du principe que toute création naît d'une position dans le monde, d'une perspective, d'une expérience, d'un souvenir.


Je ne sais pas si je me définirais strictement comme artiviste, mais je reconnais que mon travail est profondément lié à une dimension affective, territoriale et communautaire. La broderie, dans ma pratique, est un acte intime mais aussi politique : elle redéfinit les images, récupère les souvenirs, relie les époques et les géographies. Lorsque je brode des paysages chiliens depuis la France, je n'évoque pas seulement un lieu, je crée un pont. Et ce pont a de la valeur : il est une résistance à la perte, une affirmation identitaire, un geste d’appartenance.


De plus, mon travail à l’École Artivistes renforce cette dimension collective de l’art. Enseigner, partager des techniques et soutenir les processus créatifs est aussi un moyen de sensibiliser à la valeur du travail manuel, du temps lent et de l’artisanat. Et quand quelqu'un s'émancipe grâce à la broderie et y trouve sa voix, je trouve que ce geste est aussi profondément artiviste.



Votre travail est étroitement lié à votre terre natale et reflète une morphologie du paysage chilien. Comment avez-vous commencé à créer ces images dans votre imaginaire ? Sont-elles issues de votre expatriation ? Est-ce lié à l'éloignement ?


La nature et les paysages du Chili ont toujours été présents dans ma vie. Mon père est photographe et possède une importante collection d'images de montagnes et de paysages à travers le pays. Je ne pense pas y avoir vraiment réfléchi lorsque j'ai commencé à broder : la première idée qui m'est venue à l'esprit a été de reproduire les montagnes Torres del Paine, inspirées par l'une de ses photographies. Cette image, si familière et accueillante pour moi, a marqué le début d'une inspiration qui m'accompagne encore aujourd'hui : broder des montagnes.


Je viens de Santiago, une ville où la cordillère des Andes est une présence imposante et quotidienne. Pendant longtemps, c'était la première chose que je voyais au réveil. Ce lien est resté intact même après mon installation en France ; les montagnes sont devenues un pont émotionnel, un paysage familier qui me ramène à mes racines, m'apportant calme et sentiment d'appartenance.


Au-delà du lien émotionnel, je suis profondément attirée par la diversité des formes, des couleurs et des textures offertes par les paysages de montagne. J'ai continuellement exploré et réinterprété ces variations à travers mes broderies, cherchant toujours de nouvelles façons d'exprimer ce que ces terres représentent pour moi.



Vos ateliers de broderie se déroulent actuellement à l'école Artivistas. Comment s'est déroulée cette expérience ?


Pour moi, l'enseignement est essentiel à la transmission des savoir-faire artisanaux. Il me permet non seulement de partager les différents processus et techniques, mais aussi de transmettre la valeur d'une œuvre : le temps consacré à sa création et celui investi dans le processus créatif. C'est pourquoi l'enseignement a toujours été une partie fondamentale de mon essence.


Le fait de pouvoir le faire à la Galerie Artivistas, un espace baigné d'art et d'expression, lui confère une valeur ajoutée toute particulière. Enseigner en deux langues est sans aucun doute un défi, mais j'ai eu la chance de former de formidables groupes de travail. Chaque atelier a sa propre personnalité et les résultats de chaque séance sont uniques, totalement différents les uns des autres.


Je fais actuellement partie de l'École Artivistas, où je donne des cours hebdomadaires. Cette nouvelle approche m'a permis de développer des projets plus longs, travaillés sur plusieurs séances, pour des résultats plus complexes, stimulants et profondément personnels. Je suis ravie de voir comment, au fil du temps, mes élèves gagnent en autonomie grâce à la broderie, trouvent dans cette technique un moyen d'expression qui leur est propre et commencent à créer des œuvres véritablement authentiques.


Quels sont vos projets à venir ? Qu'aimeriez-vous partager avec notre communauté ?


Je travaille actuellement sur une série de photographies brodées, un projet très personnel qui me permet d'allier deux médiums qui me passionnent : l'image et le fil. C'est une exploration à la fois technique et sensible : j'expérimente de nouveaux points et de nouvelles façons de raconter des histoires à travers la broderie. C'est un terrain de jeu créatif qui me stimule énormément.


Par ailleurs, je suis en train de créer mon site web, qui devrait être disponible dans quelques jours. Vous pourrez y découvrir mon travail, explorer les séries que j'ai développées et, si vous le souhaitez, acheter certaines de mes pièces.


En ce qui concerne l'École Artivistas, je serai de retour en septembre avec un atelier hebdomadaire les mercredis soir. N'hésitez donc pas à me suivre pour découvrir les nouveaux ateliers et les activités à venir.

 
 
 

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