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Gary Laporte : L’art urbain est une expression en résonance directe avec mes valeurs humaines et sociales


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Bonjour Gary, nous attendons tous avec impatience la foire d’art urbain SPERA qui se déroulera du 2 au 5 octobre au Beffroi de Montrouge. Peux-tu nous raconter en quoi consiste ce projet et ton rôle dans son organisation ?


SPERA est née d’un désir simple mais audacieux : briser les codes figés des foires traditionnelles. Après avoir longtemps participé comme exposant, j’ai voulu imaginer un lieu où galeristes et artistes ne seraient plus « enfermés » dans une boîte, réduits à une logique d’achat-vente, mais invités à vivre une véritable expérience. C’est ainsi qu’en 2022, j'ai fait appel à Terrart et Pixo Asso avec qui j’ai donné vie à cette aventure.


Car SPERA n’est pas seulement une foire d’art urbain et contemporain : c’est une rencontre, un espace ouvert où chacun trouve sa place. Les galeristes y disposent d’une liberté totale pour mettre en lumière des artistes venus d’horizons multiples – figures reconnues comme talents plus discrets, trop souvent absents du circuit parisien. Durant quatre jours, collectionneurs, amateurs et curieux pourront découvrir près de 40 galeries, plus de 180 artistes et 18 nationalités, à travers des œuvres inédites, rares, multiples par leurs formats, leurs styles et leurs histoires.


SPERA s’adresse aussi aux familles, avec des animations dédiées aux enfants et des œuvres accessibles, car l’art doit se partager sans frontières. Et pour rythmer cet événement, une programmation unique : une installation inédite signée Seth et Tinho, célébrant l’Année du Brésil en France et leur amitié de trente ans ; un concert du légendaire Dee Nasty, pionnier du hip-hop hexagonal ; une performance de The Ringtones, rappelant combien le Rock’a’Billy a marqué l’urbain ; et la présence de SPParis, qui tissera un pont entre la pixaçao brute de São Paulo et l’élégance de la haute couture parisienne.

SPERA, c’est l’art en mouvement : une fête des formes, des couleurs et des rencontres, où chacun, le temps de quatre jours, devient partie prenante d’une histoire commune.


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Tu coordonnes depuis plusieurs années l’agence NAGA, spécialisée en street art brésilien. D’où te vient cet amour pour le Brésil ?


En 2015, j’ai quitté Paris, bouleversé par les attentats et poussé aussi par mon cœur, pour m’installer au Brésil. J’ai d’abord vécu à Recife, puis à Brasilia et enfin à São Paulo. Très vite, je suis tombé amoureux de ce pays d’une richesse culturelle et humaine inouïe. Ici, les gens sont d’une gentillesse incroyable, et leurs talents s’expriment partout : dans la danse, la musique, le théâtre, et bien sûr dans l’art de la rue.


Quand je suis arrivé à São Paulo, une révélation m’attendait : le Beco do Batman, véritable sanctuaire du street art, et une exposition à la galerie Alma da Rua. Ce fut un déclic. L’art urbain s’imposait à moi comme une évidence, une expression en résonance directe avec mes valeurs humaines et sociales.


Aujourd’hui, avec NAGA Creativo, j’ai la chance de collaborer avec plus de 200 artistes à travers toute l’Amérique du Sud, dont une grande majorité au Brésil. Un réseau qui ne cesse de grandir et qui reflète ce que j’aime profondément : l’énergie, la diversité et la créativité sans limites de ce continent.


Tu as collaboré avec Artivistas a plusieurs reprises, et nous en sommes très heureuses ! Qu’est-ce que l’activisme pour toi ? Te définis-tu comme artiviste ? Pourquoi ?


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Oui, ma rencontre avec Artivistas et ses équipes a été un véritable coup de cœur : découvrir, au cœur de Paris, une galerie dont les engagements résonnent avec les miens. Au-delà de la mise en lumière des artistes sud-américains, c’est la volonté de faire passer des messages à travers l’art qui nous réunit : lutte contre les inégalités, vivre-ensemble, droits des femmes… et plus récemment, à travers notre exposition commune « Dignité en Terres Sacrées », la défense des droits indigènes.


Je me considère comme un Artiviste, car je crois que l’art possède ce pouvoir unique de raconter notre époque et d’éclairer ses enjeux sociaux et environnementaux. Parmi les artistes que j’accompagne, Paulo Ito en est un exemple marquant : depuis plus de vingt ans, ses fresques dénoncent la pauvreté, le racisme, les injustices. Je l’appelle d’ailleurs le « vrai Batman » des rues. Et puis il y a Enivo, qui, expose à l'international mais a toujours le réflexe d'aller dans les favelas pour peindre avec les enfants,, comme un réflexe naturel de partage.


Pour autant, je ne me considère pas comme le militant d’une cause précise, si ce n’est celle du vivre ensemble en harmonie. Parce que notre temps est limité sur cette belle planète, que nous abîmons à coups de fusils, de bombes et d’urbanisation effrénée. Ce que je défends avant tout, c’est l’amour, et le droit pour chaque être humain de vivre avec respect et dignité, dans l’égalité des droits.



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Quels sont tes prochains projets ? Quelles sont, à ton sens, les suites de la foire SPERA ?


Pour l’instant, ma tête est à 1000% sur SPERA. Depuis notre dernière exposition en février, j’ai mis toutes mes autres activités en suspens et même quitté mon poste de Directeur Financier pour me consacrer entièrement à la réussite de cet événement.


Cela ne m’empêche pas de penser à la suite : je veux fortifier NAGA et en faire un véritable pont artistique et culturel entre l’Europe et l’Amérique latine – deux continents qui ont tant à se dire, tant à partager. Quant à SPERA, je garde volontairement la surprise pour après l’événement. Tout ce que je peux vous confier pour l’instant, c’est que je dors très peu… et que ce n’est pas près de s’arrêter !


Quel message voudrais-tu partager avec notre communauté ?


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Tout d’abord, je vous attends nombreux à SPERA, du 2 au 5 octobre. Rarement une foire parisienne aura autant mis en lumière des artistes sud-américains : plus de quatre galeries et quinze artistes brésiliens feront le voyage depuis São Paulo, aux côtés d'œuvres et artistes venus du Pérou, d’Argentine, de Bolivie et du Mexique. Et puis, un mot plus personnel : dans une époque assombrie par les guerres et les conflits sociaux, nous avons plus que jamais besoin de nos artistes. Besoin d’eux pour réfléchir ensemble à un monde meilleur, mais aussi pour apporter des couleurs, de la poésie et de la lumière à une époque devenue bien trop grise.

 
 
 
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